Le Grand Dessein ou Le sérieux de l’existence

Le cinéma existe-t-il toujours si l’expérience du visionnement collectif n’est plus là? Y a-t-il quelque chose de singulier, partagé avec les autres se trouvant dans la salle en même temps que nous? Quelque chose qui se perdrait si on regardait le même film en privé, chez soi. Un « Nous » informulé qui flotterait dans la salle entre les esprits en veille, en quête d’une histoire où la vie et les autres nous sembleraient moins étrangers.
Tout comme ce « Nous » indéfini peut hanter la quête du dit spectateur lorsqu’il se joint à un groupe d’inconnus dans une salle obscure, l’idée de dessiner en collectivité transforme ce temps en un espace de créations singulier. La présence de l’autre ne participe-t-elle pas à faire de cette expérience un espace de transformation de soi, qui articule la question du devenir humain?
Ainsi, l’art rejoint sa terre d’origine, loin des écueils stériles de la rationalisation à outrance où il se perd dans un jargon de spécialistes et d’initiés, jusqu’à en oublier sa fonction première qui est de nous mettre en contact avec le sacré et de rendre à l’expérience créative sa dimension rituelle.
Henri Normand
Réal Capuano